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Biographie

        Dans cette section, je vais vous présenter une courte biographie de Richard Desjardins qui a été écrite par une de mes amies, Édith Bernier, que je tiens à remercier. Cette biographie, même si elle semble courte à première vue, contient tous les éléments importants de la vie et de la carrière de Desjardins.



RICHARD DESJARDINS (1948-...)

        Richard Desjardins naît le 16 mars 1948 à Rouyn-Noranda. Il fait partie d'une famille de cinq (5) enfants et habite à deux (2) coins de rue de la plus grosse mine de cuivre du monde, après Gorki, en Ukraine. Les années passent et Desjardins vieillit; à l'adolescence «tout était bon pour fuir la mine et la loi de la compagnie», a-t-il dit à Christian Rioux de l'Actualité, en 1991. Alors que les autres jeunes de son âge devenaient vendeurs d'aspirateurs ou de casseroles, ouvriers de la Baie James, voleurs, revendeurs de drogues, lui, il devenait poète. C'est d'ailleurs à cette époque qu'il écrira «Le Beau Cowboy de terre cuite», un recueil de poèmes composés à l'Île-du-Prince-Édouard. Il distribuera, sur des feuilles polycopiées, son ouvrage et réussira à amasser, en trois (3) mois, de quoi passer un (1) an en Amérique latine, soit 3000 dollars. En revenant, il s'installe à l'hôtel Capri et anime quelques émissions de radio. Il côtoie alors des groupes de motards et assiste à la rivalité entre les trafiquants de drogues. Il fréquente également Bob Béland, qu'il qualifie de «génie de la musique qui ne jouait de rien», et écoute du Ken Wallingford, dit «Bouche à feu», un chanteur métis de Maniwaki. Pendant un bon moment, Desjardins note tout sur des petits calepins à spirale qu'il entasse dans une armoire et dans lesquels il fouille lorsqu'il a besoin d'un mot, d'une strophe ou d'un vers.

        Pour ce qui est de sa carrière musicale, eh bien... il était bien souvent à côté de la mode! Il jouait du Led Zeppelin et du Rolling Stones dans les petites villes minières de l'Ontario et des pièces des Caïds et de Mollo Machine alors que le Québec ne dansait que sur les danses carrées. De 1975 à 1982, il est le leader-compositeur-pianiste-interprète du groupe Abbittibbi. En 1988, il enregistre son tout premier disque solo, «Les Derniers Humains» (la chanson «Le coeur est un oiseau» dont je parlerai plus tard est tirée de cet album) qu'il finance lui-même. Plus tard, en 1989, il compose et dirige la trame sonore du film «Le Party» de Pierre Falardeau, film où il tiendra également un rôle qui le révélera au grand public: celui de Bébé, un prisonnier poète. En 1990, il lance «Tu m'aimes-tu», un album enregistré en deux (2) jours seulement, sur le fameux piano de marque Fazioli de la Chapelle du Bon Pasteur. À l'été 1990, il participe au Festival d'été de Québec et y remporte le Prix de la chanson d'expression française. Il fera ensuite une tournée en province. En 1991, l'ADISQ lui remet deux (2) Félix, soit celui de l'auteur-compositeur de l'année et celui du disque de l'année pour «Tu m'aimes-tu». En décembre de l'année, il reçoit la médaille Jacques-Blanchet pour la qualité de l'ensemble de son oeuvre, non seulement musicale mais cinématographique; il a réalisé deux (2) documentaires, soit «Comme des chiens en pacage» et «Noranda», les deux (2) traitant du travail dans les mines en Abitibi. Plus tard, il est acclamé par le public français au Festival de la Rochelle.

        En 1993, le disque «Richard Desjardins au Club Soda», enregistré en spectacle, sort sur le marché ; c'est d'ailleurs le premier enregistrement de Desjardins que j'ai écouté et probablement le plus accessible de tous ses albums. Plus récemment, il a lancé les albums «Chaude était la nuit» (en 1994) et «Desjardins et Abbittibbi LIVE» (en 1996) avec ses comparses de son ancienne formation. Finalement, en septembre dernier, Desjardins a mis au monde son petit dernier, «Boom Boom», un album solo très intimiste où Desjardins s'accompagne soit d'une seule guitare ou d'un piano. Son admiration pour l'oeuvre de François Villon (un poète du XVe (15e) siècle qui a écrit, entre autre, «La ballade des pendus») est légèrment présente sur cet enregistrement; en effet, il utilise des mots de l'ancien français dans la ballade «Lomer».

        Desjardins ne correspond, en fait, à aucun style musical. Il explore les dimensions du rock francophone à l'état pur, celles des plus douces et romantiques chansons d'amour en passant par les pièces engagées, appuyant telle cause ou dénonçant telle réalité, aussi dure qu'elle puisse être. La seule façon pour les disquaires de le classer, c'est probablement son nom! La musique qu'il compose est tout aussi poétique que ces textes qui empruntent tant l'anglais qu'au joual. Les jeux de mots du type «le cimetiers-monde» et «l'adn of the world» sont monnaie courante dans ces chansons, surtout dans «Charcoal», l'anglais de «charbon», où il décrit une réalité grise... comme le charbon! Qu'il parle d'une expérience homosexuelle avec un étranger (LOMER), qu'il tente vainement de garder sa douce auprès de lui (VA-T'EN PAS), ou qu'il se révolte contre «les bons gars qui mettent des bobettes et lisent la gazette» (LE BON GARS), on sent toujours cette rage de vivre typique à Desjardins. Il a un style unique, qui fait de lui, malgré son accessibilité un peu restreinte, un homme des plus charismatiques. Il laisse aux autres l'habitude d'être quasi-omniprésent dans les médias de masse lors d'un lancement, préférant que les gens aillent d'eux-mêmes vers lui; il ne désire pas s'imposer ni imposer sa musique. Et c'est probablement cette «indépendance» qui fait une grande partie de son succès. Adulé ou détesté des critiques, Richard ne laisse personne indifférent dans son sillage. Sa chanson «Le Bon Gars» est même interdite sur CHOA, la station FM de Rouyn, sa ville natale. Ce qu'on lui reproche? Son langage trop cru. Car, dans cette pièce, il va même jusqu'à blasphèmer, en plus de faire ressortir beaucoup de petits travers de la société et de brosser un portrait on ne peut plus réaliste de ceux qu'on qualifie de «bons gars». «Les gens n'aiment pas se voir comme ils sont»; voici ce qu'il a répondu à ses détracteurs. Il est évident que cet artiste est loin de faire l'unanimité dans le milieu de la musique québécoise, non seulement parce qu'il chante dans un langage des plus courant et qu'il utilise tout plein d'anglicisme et de québécisme, mais parce qu'il a aussi, disons-le, une sale gueule et une voix plutôt inhabituelle. Roulant ses r et ne cherchant pas le moins du monde à cacher son accent d'origine, il a, d'une certaine façon, ouvert la voie à Kevin Parent, Zachary Richard et tous les autres. Et, pour reprendre les mots de Claude Rajotte, le doyen des VJ de Musique Plus, Desjardins est la preuve qu'il reste encore de la place pour la qualité dans le domaine musical au Québec.


BERNIER, (Marthe) Edith. Présentation et analyse de l'oeuvre de Richard Desjardins,
Cégep de Matane, 1998, 56 p.